Pour un niveau de pratique donné (entraînement, expérience...), les hommes réalisent généralement de meilleures performances à la course que les femmes. Leur plus grande concentration sanguine en globules rouges l’expliquant en grande partie.
A mesure de l’augmentation de la distance de compétition, la performance des femmes se rapprochent de celles des hommes. Il n’est pas rare même que les coureuses soient plus performantes que leurs homologues masculins lorsque la distance s’élève au-delà de cinquante kilomètres.
Leur qualité d’endurance, les femmes, les doivent-elles à des muscles plus résistants ?
Des différences métaboliques expliqueraient que les femmes puissent être aussi performantes voire meilleures que les hommes sur les courses de longue durée.
Les glucides et les lipides sont les deux principaux substrats énergétiques de l’exercice. Ce constat n’est pas différent selon le sexe. Les différences se situent plutôt dans la part prise par ces deux substrats dans la fourniture énergétique. Les femmes possèderaient une plus grande aptitude que les hommes à recourir aux lipides pour subvenir aux besoins énergétiques de l’exercice. Les moindres baisses du glycogène musculaire relevées chez les femmes venant confirmer ces observations. Cette épargne leur permettant ainsi d’avoir pour la fin de course de plus grandes réserves de glycogène.
Les glucides et les lipides sont les deux principaux substrats énergétiques de l’exercice mais la part prise par les protéines peut, dans certaines situations, être non négligeable. Ces protéines, elles contribuent faiblement aux besoins énergétiques de base, guère plus de 5 %. Mais lorsque les réserves de glycogène deviennent faibles, la part des protéines dans la fourniture énergétique augmente. Elle peut atteindre jusqu’à 15 %.
Durant les jours consécutifs à un exercice de longue durée, les hommes voient donc logiquement augmenter leur concentration urinaire en azote.
Chez les femmes, cet indicateur du catabolisme des protéines augmente mais beaucoup moins comparé aux hommes. Ces données, si elles se vérifient, révèleraient que les hommes oxydent davantage de protéines que les femmes lors des exercices de longue durée, les coureuses préserveraient ainsi leurs stocks d’acides aminés.
Cette particularité métabolique, a-t-elle une incidence sur les performances ? Si les acides aminés sont peu oxydés, la concentration cérébrale en dopamine, sérotonine et acétylcholine restent stables plus longtemps. Comme ces neurotransmetteurs interviennent dans certaines fonctions cérébrales (la motivation, la résistance au stress et la concentration par exemple), leur préservation à l’effort est un avantage.
La fatigue centrale apparaît plus tardivement lorsque les acides aminés sont préservés de l’oxydation mais elle n’est pas la seule. La fonction musculaire est également plus durablement conservée si les protéines ne sont pas mobilisées pour la fourniture énergétique.
Si la fatigue musculaire apparait plus tardivement chez les femmes, les dommages musculaires devraient donc être plus faibles chez elles. Est-ce le cas ?
Courir, a fortiori longtemps et en descente, induit de fortes contraintes mécaniques, lesquelles engendrent, dans les heures voire jours qui suivent, d’importantes douleurs musculaires. Ces douleurs, elles sont dues aux courbatures, c’est-à-dire à de profonds traumatismes au sein de la cellule musculaire. Pour réparer ces dégâts tissulaires, une inflammation apparaît, avec la formation d’un œdème, l’apparition d’une rougeur et de chaleur.
Les études comparant les dommages structuraux selon le sexe montrent que chez les femmes, suite à une course de longue durée, l’élévation sanguine de la créatine kinase était moindre comparé aux hommes.
Cet enzyme, témoin du catabolisme musculaire, n’est pas à 100 % fiable pour juger du métabolisme énergétique. Se cogner contre un objet ou être victime d’une ‘‘béquille’’ suffisent à ce que sa concentration dans le sang augmente. Néanmoins, en tenant compte de cette limite, les muscles des coureuses semblent protégés des contraintes mécaniques engendrées par l’exercice de longue durée.
Les moindres dégâts musculaires et la meilleure récupération des femmes suite à une course de longue durée semblent liés à leur spécificité hormonale.
Au-delà des avantages sur le métabolisme des lipides, les œstrogènes améliorent également la capacité d’adaptation des muscles. Ces hormones agiraient sur la régulation des gênes, renforceraient la membrane des tissus et amélioreraient l’activité anti-oxydante des muscles. Le moindre catabolisme des protéines musculaires relevé chez les femmes s’explique également par leur plus grande propension à utiliser les graisses à l’effort. Le glycogène musculaire est donc épargné.
Or, l’inflammation suite à effort physique est plus élevée lorsque les réserves de glycogène sont faibles.
Pour vous en convaincre, réalisez deux sorties longues :
A la fin de la sortie longue réalisée avec de faibles stocks de glycogène, vous n’allez pas être bien loin de l’hypoglycémie, vous l’atteindrez même probablement !
Attendez quelques heures et jugez de l’état de vos muscles...
A l’inverse, si vos apports en glucides ont été suffisants la veille de cette séance, cette hypoglycémie, vous en serez loin. Vos muscles seront ‘‘comme neufs’’ !
Par Loïc Arbez
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